Lorsque je travaillais dans l'accompagnement en prison, il m'était parfois reproché d'être trop proche des détenus. Là où certains de mes collègues faisaient des entretiens de 10 minutes, j'y passais plus d'une heure voire des heures. Je n'ai jamais quitté mon bureau lorsque j'avais face à moi quelqu'un qui était dans une détresse absolue. Peu m’importait la paperasse qu'il y avait à faire et pour laquelle je prenais du retard.
Je faisais même des entretiens assise par terre, dans les couloirs sales de la détention, côte à côte avec certains détenus qui voulaient se suicider.
Je ne peux même pas vous raconter ici tout ce que j'ai fait 😉 en 20 ans dans l'administration pénitentiaire. J'ai parfois outrepassé le règlement et je ne le regrette d'aucune façon. Mon cœur passait avant la rationalité et ce foutu positionnement professionnel qu'on me demandait d'avoir.
Il en est de même avec vous. Lorsque vous me consultez individuellement, je vous demande quasiment systématiquement si l'on peut se tutoyer et s'appeler par nos prénoms.
Si vous venez à domicile, vous n'êtes pas assis.e de l'autre côté de mon bureau mais à côté de moi.
Je ne veux pas qu'il y ait de barrière entre vous et moi. Je suis une humaine qui prend soin d'autres humains.
Il m'arrive également de pleurer face à vous comme il m'arrivait de pleurer en prison. Là encore, on me reprochait parfois mon manque de professionnalisme....
Comme si être humain, et avoir des émotions, de la compassion et de l'empathie, était condamnable et nuisait à l'accompagnement en cours. C'est tout le contraire.
Je suis heureuse d'être à mon compte car je peux enfin m'investir dans ma relation avec vous comme je le souhaite.
Et je vais peut-être même franchir d'autres limites bientôt.
Pour ceux ou celles qui viendront chez moi en état de grande détresse et fragilité, je m'autoriserais peut-être à vous prendre dans mes bras. J'ai ressenti cette impulsion mercredi et je m'en suis empêchée.
Quel dommage...L'amour guérit aussi...
Je vous embrasse et je vous aime, comme j'ai aimé toutes les personnes que j'ai accompagnées dans ma vie (je suis enfin libre de pouvoir le dire!),
Diana
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